Indice de Gini: être manoeuvre à Pekin

Pékin est en quelque sorte un immense chantier, et c'est encore plus flagrant dans les quartiers périphériques et récemment construits comme celui où j'habite. Difficile de faire 500m sans tomber sur un bâtiment en construction. Quand on passe devant ces chantiers, à priori, rien ne les différencie fondamentalement d'un chantier en France. Pourtant, si on y prête garde, on aperçoit des vêtements ou des couvertures étendus sur des bambous dans les appartements en construction. Etrange.
J'ai pris ces photos à 50m de mon bâtiment, sur le chantier, déjà bien avancé, du nouvel énième gigantesque centre commercial du quartier. Ici, les ouvriers qui travaillent sur les chantiers, venant pour la plupart des autres provinces, dorment dans les bâtiments qu'ils sont en train de construire. A même le sol, sans électricité ni eau, ou alors avec un branchement de fortune, sans chauffage, au milieu des débris et des matériaux du chantier. Des hommes bien sûr, jeunes mais aussi agés, et même des familles entières, femmes et enfants. Je pense que, jusqu'à présent, ce sont les images qui m'ont le plus choqué - peut être parce que je réalise que si j'étais née en Chine et pas en France, j'aurais eu à vivre cette vie et à suivre mon père de chantier en chantier et de squat en squat?